L' EGLISE

C'est vers 250 que Saint Austremoine évangélise l'Auvergne

Contrairement à la légende, il n'y a pas eu d'évêque à Saint-Paulien. Par contre, l'évêque de Clermont envoie le prêtre Marcel qui établit le quartier des chrétiens à Galabrum (aujourd'hui Espaly Saint-Marcel).

Puis en 374, Saint-Vozy arrive comme 1er évêque du Puy.

C'est Saint-Georges, cent ans plus tard qui évangélise les campagnes et donc a pu séjourner à Saint-Paulien (Ruessium) vers 480.

Un début d'évangélisation touche nos campagnes au IVéme siècle, mais la progression est lente par rapport aux villes.

Les Seigneurs d' Allègre participent aux croisades avec l'Evêque du Puy : Adhemar de Monteil.

On parle déjà de pèlerinage à Saint-Jacques de Compostelle.

Chez nous, le pèlerinage à Notre Dame du Mont Anis (Le puy en Velay) attire les foules et . les Rois.

La foi s'affirme dans la construction des églises construites entre le XIème et le XVème siècle, la plupart romanes, ce style convenant bien à nos régions froides.

Dans les précédents chapitres, nous avons vu que la religion tenait une grande place dans la vie de nos villageois et de leurs seigneurs.

L'église de VERNASSAL est mentionnée en 1234 sous le nom de :

Ecclésia Saint-Victoris de VERNASSALS

En 1329,  elle deviendra :

Ecclésia de VENARSALS

En 1796, Vernassal a livré 2 cloches au Puy pour fabriquer des canons, nous sommes en pleine Révolution !

En 1800, l'église a été mise en vente pour la somme de 530  livres mais heureusement pour nous, l'adjudication n'a pas eu lieu.

.En 1813, la chaire de style baroque a été réalisée par un garde du corps de l'empereur Napoléon 1er : JB PORTAL, natif de Vernassal.

En 1833,  .Pierre DUFOUR, maréchal ferrant au bourg, répare les cloches.

En 1854, l'état de l'église est jugé déplorable et en 1875 le ministère de l'instruction publique et des cultes décide de la démolition du campanile roman  qui se situait au dessus de la chapelle car il provoquait l'écartement de l'édifice, les voisins avaient peur des pierres qui tombaient. Il a été remplacé par un clocher (fait par Célestin MAURIN) n'ayant aucun intérêt architectural à part celui de supporter le paratonnerre. C'est à cette époque que l'église sera agrandie et que le cimetière sera transféré.

Maintenant sa hauteur est de 27 mètres, le clocher à lui seul mesurant 7 mètres.

L'histoire de l'église  est intimement  liée au château puisque le cour et la première travée formaient autrefois la chapelle de celui-ci. Ils sont romans et voûtés en berceau plein cintre. Il n'y avait pas de sculpture aux chapiteaux de la nef, ceux de l'abside sont empruntés au règne végétal.

La partie la plus ancienne est l'abside à 5 pans.

Au sud, à l'endroit, où se trouvait la petite porte, existait un porche roman recouvert d'un épais enduit de ciment. Plusieurs clichés anciens montrent sur la façade méridionale de l'église, une porte insérée dans une maçonnerie de blocage qui obture l'ancien portail et dont les lobes sont bien visibles. Ces travaux ont certainement été réalisés au XVIIéme siècle lors de la construction de la façade occidentale. A l'intérieur, on peut voir encore l'emplacement de la barre servant à obstruer la porte en cas de siège vraisemblablement.

En 1931, sont effectuées de grosses réparations, c'est aussi à cette époque qu'un crépissage intérieur a été réalisé.

En 1954 et 1977, la toiture a été en partie restaurée, et c'est en 2007 qu'elle a été refaite.

Rien n'aurait amené l'église de VERNASSAL sous les feux de l'actualité si, une campagne de travaux de restauration n'avait récemment permis de redécouvrir et de mettre en valeur son ancien portail roman.

Les 4 colonnes se composent d'un socle, d'une base, d'un fût et d'un chapiteau.

L'assemblage de ces différents éléments présente des particularités rares en Velay :

*Les fûts divisés en tambours liés ou non aux assises des parements,

*Les chapiteaux et les bases solidaires des assises des parements.

Le portail est réalisé en pierre de provenance locale, à l'exception des chapiteaux et des bases issus d'une arkose grossière, de couleur claire.

Sa redécouverte est un nouveau et important jalon dans l'histoire de l'architecture romane locale.

Les chapiteaux ci-dessous constituent l'élément essentiel de la décoration.

D'est en Ouest, on trouve successivement :

*Un chapiteau à décor de feuilles superposées, allongées et rainurées.

*Un chapiteau à décor de monstre monocéphale à 2 corps terminés par une queue palmée et enroulée, munis chacun de pattes griffues. De la bouche curviligne sort une langue hypertrophiée. Les yeux sont soulignés par un bourrelet. Ce décor porte encore les traces de polychromie rouge et noir

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*Un chapiteau à décor composite d'une tête anthropomorphe grossière à la bouche béante sort un double réseau de tiges entrelacées, terminées par des palmettes en éventail.

*Un chapiteau orné de feuilles nues bien détachées du fond, couronnées par un ornement endommagé.

Les parties romanes de cette église, complétées par la découverte de ce portail nous permettent de proposer un segment de datation vers la fin du XIIème siècle.

Cette découverte assez exceptionnelle, positionne l'église de VERNASSAL aux côtés de celles de Landos, Bains, Arlempdes ou Chaspuzac qui ont conservées ce même type de portail roman avec arcs polybés et confirme la Haute-Loire comme un conservatoire de l'art médiéval, tant par l'architecture que pour les décors peints ou sculptés.

L'église possède un autre trésor donné par Anet Béraud de Bar, seigneur de Vernassal (1483-1518) :

Il s'agit d'une croix processionnelle du XVIème siècle , elle porte le poinçon des orfèvres du Puy. Elle est  classée  aux Monuments Historiques depuis 1905.

Plaqué d'argent, chacun des bras est terminé par des fleurs de lys. Sur la face principale, le Christ est accompagné de 4 animaux, préfigurant les 4 évangélistes. Le pommeau sphérique, en cuivre présente huit cabochons réhaussés d'images de la Vierge. Au revers, l'agneau pascal qui figurait au centre du croisillon a retrouvé sa place lors de la restauration, à la place d'une représentation de la vierge noire.

 

Il fallait un écrin à un tel bijou, nous l’avions derrière la porte, il suffisait de la pousser.
Des sondages réalisés en 2001 et 2004, avaient laissé apparaître 3 époques sur l’ensemble des parois, à l’exception bien entendu de la première travée plus récente.
De nombreux fidèles sont venus assister à la dernière messe le 29 juillet 2007, un petit air de nostalgie flottait ; nous savions bien que notre église nous serait rendue certes, mais personne ne savait à quel point elle serait différente.
Lorsque tout l’intérieur a été déménagé, les derniers bancs partis, un ballet s’est joué dont tous les corps des métiers du bâtiment ont été les acteurs. Seul le printemps humide est venu jouer les troubles fête, retardant le bon déroulement du chantier.
L’ensemble des décors était très abîmé et encrassé aussi, dans un premier temps, il a fallu procéder à des travaux de consolidation et de masticage car de nombreuses fissures endommageaient les murs et la voûte ; ensuite, un sérieux nettoyage s’est avéré nécessaire afin d’éliminer tous les résidus des badigeons antérieurs.
Scalpels, brosses, pinceaux, et éponges maniés de main de maître par la fresquiste ont réalisé pourrons-nous dire des « miracles ».


LA CHAPELLE NORD

Sur le mur ouest, sous 5 couches de badigeons apparaissait une peinture du XVIème siècle représentant Saint-Robert.

Le mur nord a dévoilé un décor du XIIIème siècle qui semble être une technique à fresque, on peut penser qu’il s’agit de la résurrection du Christ ; pourtant très piqueté, aucune retouche n’a été effectuée, il est resté en l’état.
Les voutains totalement dégradés ont été piqués, refaits et passés au badigeon. Le décor des nervures a été dégagé, nettoyé et brossé.
Cette chapelle désormais appelée chapelle Saint-Robert est fermée par une imposante grille en fer de 350 Kg toute travaillée à la main.

Faisant office de musée, elle abrite désormais la croix processionnelle précédemment décrite ainsi que plusieurs statues en bois doré dont celle de Saint-Victor patron de la paroisse.


LE CHŒUR

LA VOUTE
Très déformée, elle a du être endommagée lors de la construction du clocher.
Sous 3 couches de badigeons, s’est profilé enfin un premier décor daté de la fin du XVIIème début XVIIIème siècle avec de grandes fissures bouchées au plâtre. Elle représente une colombe dans une allégorie semblant évoquer un soleil.

Sous ce décor, en est apparu un autre daté du XVème siècle composé en grande partie de chevrons bruns sur fond clair.
Il a fallu faire un choix, les deux décors étaient assez complets.

LE MUR
Sous la corniche côté sud a été représentée une très belle scène du XIIIème siècle en assez bon état représentant la lapidation de Saint-Etienne.


L’ARC TRIOMPHAL

Des vestiges et des décors d’époques différentes sont apparus sous le plâtre et le ciment. Les décors du XVème siècle ont été privilégiés à ceux du XVIIème en mauvais état. On peut distinguer une main tendue semblant protéger l’assistance.


LA NEF

D’autres décors d’époques différentes existent dans la 1ère Chapelle Nord ainsi que dans la nef, ils restent en attente de futures restaurations.

Voûtes, piliers, chœurs, chapelles sont désormais recouverts d’une palette de couleurs qui donnent une église gaie et colorée ; les couleurs qui se reflètent sur les murs clairs au travers des vitraux baignés de soleil, accentuent l’effet lumineux de tout l’espace.

La tribune qui assombrissait la nef ne présentait aucun caractère particulier, de plus, nous sommes dans une période où les règles de sécurité sont de plus en plus en strictes aussi, personne ne pouvant garantir sa solidité, elle a été démolie.

Les fonds baptismaux eux aussi dépoussiérés attendent leurs futurs petits paroissiens sous la bannière merveilleusement brodée, dédiée aux familles de Vernassal.

Depuis 17 mois, les cloches n’avaient pas sonné pour un office religieux, aussi la messe de Noël 2008, était attendue avec impatience, les villageois étaient bien là, bravant la neige et le froid.
Certains connaissaient déjà la restauration, mais pour d’autres c’était une découverte. Tout le monde a pu apprécier le confort du chauffage au sol plus efficace que les radians qui ne chauffaient que la cime des crânes.
Depuis l’ouverture, bancs et chaises bien rangés les uns derrière les autres attendent les assistants, Croix et statues, ainsi que l’ harmonium, ont peu à peu trouvé une place sous l’œil bienveillant de sa Sainteté Jean XXIII, patron de la Grande Paroisse dont fait partie notre commune.

Le chœur a été totalement transformé avec, sorti de l’oubli et remis dans sa place initiale, le superbe autel du XVIème siècle avec ses 4 évangélistes en façade. Il a bénéficié lui aussi, d’une belle restauration car il avait bien souffert.
Vatican II exige, Monsieur le curé officie face à l’assistance, sur la pierre d’autel, qui a retrouvé sa fonction première après un long « purgatoire » à l’entrée de l’édifice. Pourquoi nos anciens ont-ils transformé leur autel en marche d’escaliers ? Heureusement, l’œil averti de l’un des ouvriers du chantier a détecté la taille particulièrement évocatrice de cette pierre, on ne peut que le remercier.

Depuis 8 siècles, combien de générations ont prié, chanté, pleuré, sous ces voûtes, nos anciens avaient l’humeur changeante, mais ils avaient aussi le goût des formes et des couleurs, ils ne savaient pas lire, pour eux, seules les images avaient un sens.
C’est ainsi que le Moyen Age a peint les églises, coloré les maisons, sculpté les statues, puis un grand élan d’austérité a tout recouvert, tout uniformisé.

Merci madame la fresquiste, messieurs les architectes, maçons, plâtriers, électriciens, menuisiers, carreleurs, ferronniers, vous avez fait « de la bel ouvrage ».
Merci Monsieur le Maire et son Conseil municipal, qui partis d’une simple restauration d’église ont su rebondir et accepter les multiples contraintes tant matérielles que financières occasionnées par la découverte de ces témoignages du passé. Le budget de notre petite commune était loin de pouvoir supporter un tel projet, aussi des aides extérieures ont été nécessaires, accordées sur le montant des travaux intérieurs retenus par la DRAC (direction régionale des affaires culturelles), elles se répartissent comme tel :
- Etat : 20 %
- Conseil Général : 30 %
- Région Auvergne : 10 %
- Réserve parlementaire du Sénateur Gouteyron : 24 000 euros
- Il faut également signaler que dès 2003, la participation de la paroisse s’est élevée à 45 700 euros.
A notre époque où l’on voit des églises converties dans bien d’autres fonctions, voir même démolies, quel bonheur d’avoir pu conserver la nôtre et surtout d’avoir pu mettre en valeur notre patrimoine local. Ce n’est pas le Père Daniel Savelon, le Père Julien Sigaud et le Père Claude Montel qui diront le contraire, eux qui viennent célébrer le samedi, tous les 15 jours.

Un grand jour se prépare, la concécration du Maître Autel, en effet, le samedi 20 juin 2009, c’est Monseigneur Brincard évêque du Puy en Velay qui nous fera l’honneur de célébrer la messe dans notre église.
Elle sera suivie de l’inauguration de la restauration de celle-ci, sous la présidence de Monsieur Laurent Wauquiez, secrétaire d’Etat, en Présence de Monsieur le Préfet de la Haute-Loire, des représentants des Collectivités territoriales et des parlementaires de la Haute-Loire.