LES LOISIRS

La naissance, la vie, la mort, tout se passait au village, on en partait quelquefois pour se marier, toujours pour y mourir.

Les saisons rythmaient le travail, et celui-ci rythmait les loisirs. Il était primordial et l'on ne s'amusait que lorsque le travail était terminé.

Par contre, le dimanche était sacré et seul à la messe Monsieur le Curé pouvait donner l'autorisation de travailler le dimanche lorsqu'une éclaircie était annoncée pendant un été pluvieux.

Les veillées

C'était le lieu de rencontre surtout l'hiver, on se réunissait par famille ou par quartier, souvent à tour de rôle, autour de la cheminée et plus tard autour du fourneau.

Les dentellières avaient les pieds sur le bragier rempli de braises chaudes et qui servait aussi de tabouret car le carreau devait être bien calé sur les genoux, quelques-unes crochetaient des gants. Il y avait aussi les tricoteuses de chaussettes et quelques brodeuses.

Les dentellières étaient éclairées par le chalelh : petite lampe à huile rustique devant laquelle on mettait une carafe remplie d'eau : le dillet, ce qui produisait un halo lumineux sur le travail. Les carreaux étaient montés avec 70 à 120 fuseaux en buis.

Les hommes causaient ou jouaient aux cartes en buvant un canon de vin. Certains sculptaient des planchettes à dentelles d'autres tressaient des paniers.

Pas de télévision, les langues allaient bon train, les bonnes et les mauvaises nouvelles circulaient, les vérités et les mensonges aussi.

Le tripot

Il existe dans une étable du village, un réduit avec une porte basse donnant sur une cour intérieure, nos paysans venaient y jouer leurs terres ou leurs récoltes

Le bistrot

Il fait partie de la vie intégrante du village, surtout pendant la messe car beaucoup de messieurs laissaient à femme et enfants le soin de prier pour eux , ceux-ci les rejoignaient à la sortie.

+C'était aussi  le lieu de rendez-vous des jeunes qui s'y retrouvaient pour boire un coup avant d'aller au bal du dimanche.

+Il faisait office de lieu de retrouvailles des familles à l'issue des enterrements car ceux-ci avaient lieu le matin. La famille au grand complet, souvent ils ne s'étaient pas vus depuis de nombreuses années, se retrouvait pour un repas simple mais copieux, il fallait bien nourrir ces gens qui venaient de loin  et se déplaçaient à pied ou en vélo.

+On y jouait également aux cartes avec ou sans mises.

+Les soirs d'élections, les joies des uns et les déceptions des autres s'exprimaient avec ambiance autour d'une ou plusieurs chopines. Pour un seul café, un tonneau de vin de 100 litres était nécessaire, avec 3 cafés, faîtes le calcul !

Le couvige

Veut dire inviter, convier : les beaux jours voient sortir les dentellières avec leur carreau et leur chaise basse, elles forment un demi-cercle sur la place devant la vicarie ou devant la maison de la Marie de L'Anna (chez Yvette) sur la grand rue, elles causent ou elles prient en récitant le chapelet.

Elles s'appliquent car le leveur va passer et juger leur travail, celui-ci sera payé en conséquence.

Les jeunes filles brodaient leur trousseau : draps, chemises, mouchoirs.

Pendant ce temps, les hommes assis par terre le mégot au coin des lèvres, martèlent la lame de leur faucille ou de leur faux sur l'enclume plantée au sol ou sur un billot de bois. Ils relatent les souvenirs de jeunesse bien marquée par les guerres, quelques-uns crachent leur jus de chique, attention de ne pas se trouver sur la trajectoire !

On peut encore voir de grosses pierres devant les maisons, les gens venaient s'asseoir pour faire un brin de causette (devant l'ancien boulanger). Les enfants jouaient aux billes.

Le marché

Pour notre village, le plus près était à Allègre. Chaque mercredi, les villageois partaient à pied avec leurs animaux à vendre, en passant par les raccourcis dans les bois. On tordait la queue des veaux pour les faire avancer.

Ensuite, la motorisation est arrivée : le car Gisclon de Fix attelé d'une remorque pour les animaux passait et attendait les passagers vers la croix au carrefour des routes de Darsac et d'Allègre. Quelques irréductibles dédaignant ce transport ont continué la marche.

Dès l'ouverture du marché, les maquignons choisissaient les animaux, la pache était faite d'une vigoureuse tape dans la main, madame pouvait alors faire les emplettes et acheter galoches, vêtements de travail, blouses et chapeaux.

C'est à Allègre qu'avait lieu la dernière foire du canton : la Saint-Martin le 11 Novembre.

Il est important de signaler que le Préfet avait autorisé l'organisation d'un marché à Vernassal de 1869 jusqu'à la fin de la construction du chemin de fer, laquelle avait attiré beaucoup d'ouvriers sur le chantier. On n'y vendait que des denrées alimentaires : légumes, beurre, viande, etc.

La sortie au Puy

Elle se faisait avec la Micheline qui s'arrêtait à la gare à Darsac. Le trajet Darsac Vernassal se faisait à pied et si l'on était trop chargés c'est Vonvon le taxi de Darsac qui nous remontait.

Cette sortie était importante pour rendre visite aux pensionnaires des écoles ou pour s'amuser dans les manèges à la foire de la Toussaint.

Quelquefois aussi pour se faire prendre en photo, « Messieurs les photographes du Puy, vous en avez vu des jeunes beautés ou des fiers militaires dans vos ateliers de photographie ! » c'était souvent le cliché de leur jeune vie avant leur mariage.

La noce

La sagesse paysanne se concrétise dans des contrats de mariage garantissant l'avenir. Aussi, après que le notaire ait mis sur papier la liste des hardes, bijoux, meubles et terres que chacun apporte, voici la noce au complet dans ses plus beaux atours, moustaches au vent et jupons blancs.

Chacun est bien décidé à faire la fête. Au son de la cabrette ou de l'accordéon qui mène le cortège devant Monsieur le Maire et Monsieur le Curé, les dragées pleuvent, elles ne tombent pas toujours au bon endroit, tant pis, on les essuie d'un revers de main, et c'est bon quand même. Tout le monde y va de sa chansonnette, surtout après un p'tit coup en trop et la mariée est toujours belle.

La table est dressée dans la cour ou la grange selon la saison, le repas peut se faire aussi à l'auberge.

L'autorité est dévolue au chef de famille et elle est incontestée : respect absolu de l'intégrité du domaine : c'est le père qui choisit son successeur, le plus apte à maintenir la maison. Que de dissensions dans les familles ce droit d'aînesse a-t-il causé !

Le 1er Mai

Les enfants chantant « le mois de mai » allaient de porte en porte pour collecter des oufs.

Les conscrits

Bardés de rubans, cocardes, médailles  et précédés de Victor de chez Chadés le joueur de tambour, nos futurs appelés sous les drapeaux faisaient la tournée des maisons, ils attendaient de chacune une pièce qui leur était volontiers donnée en plus du canon de vin qui leur était servi, mais ce dernier multiplié par le nombre de maisons, pesait lourd à la fin de la journée lorsqu'ils avaient fait le tour de toute la commune. Mais c'était leurs derniers jours d'insouciance car le service militaire qui les attendait durait 4 ans.

La fête votive

C'était le reinage. A VERNASSAL, il avait lieu le 1er dimanche après le 14 juillet : c'est Saint-Victor, patron de la paroisse soldat romain converti au christianisme et martyrisé. Monsieur le curé ne manquait pas de nous le rappeler à la messe le matin de la fête.

Un bal était organisé par les jeunes de la classe, c'est-à-dire en âge d'effectuer leur service militaire. L'accordéon, la cabrette rythmaient les pas des danseurs de bourrée qui se faisait à 2 ou à 4,  les paroles de la chanson étaient en patois, les sabots claquaient sur le plancher. Quelquefois, un danseur mettait une tasse ou une bouteille sur la tête, il devait danser sans la faire tomber.

Attention, mesdemoiselles, vos mères vous surveillaient et savaient vous rentrer à la maison lorsqu'un garçon se faisait trop pressant !

Le jour de l'an

Les familles se rendaient visite pour se souhaiter la bonne année devant un café et des petits gâteaux.

C'était quelquefois le seul jour où les enfants embrassaient leurs parents.